Console de 5ème génération, la Sega Saturn n’a pas rencontré le succès escompté et à, de bien des manières, initié la chute de Sega (qui pour rappel ne fabrique plus de consoles aujourd’hui). Pour autant, cette console a marqué les mémoires. Voici son histoire…
Successeur de la Mega Drive, la Saturn n’a pas emmené Sega dans les étoiles mais plutôt révélé ses failles. Une console puissante, qui aujourd’hui, est néanmoins très appréciée des fans de retro-gaming.
La Sega Saturn, un peu de d’histoire
Début des années 1990. Fort du succès de la Mega Drive et de celui de plusieurs jeux dans les salles d’arcade (comme Virtua Fighter, le tout premier jeu de combat en 3D), riche d’une mascotte qui parvient à faire de l’ombre à Mario, à savoir Sonic le hérisson hyper véloce, Sega se sent pousser des ailes. Rapidement néanmoins, la marque commet un premier impair en lançant le Mega CD, une extension CD-Rom de la Mega Drive qui, s’il s’impose comme une innovation majeure, ne parvient pas à convaincre les gamers. Pas au point de faire gagner autant que prévu à Sega en tout cas…
Une console dans l’espace
Sega commence à travailler sur plusieurs projets. Chacun étant baptisé d’après une planète du système solaire. Le premier s’attache aux anneaux de la planète Saturne et consiste en une machine dotée d’un lecteur CD-Rom. En 1994, les concepteurs surveillent de près Sony, qui, avec la Playstation, est à l’origine d’une révolution qui, on le sait aujourd’hui, changera tout. De quoi inciter Sega à booster sa Saturn pour essayer de l’imposer d’emblée face à une concurrence de plus en plus rude. La puissance de la machine se traduit également par un prix plutôt élevé, faisant de la Saturn la console la plus chère jamais proposée par Sega. À sa sortie au Japon, le 22 novembre 1994, elle est vendue au prix de 480 dollars.
Les fans peuvent alors apprécier une expérience de jeu proche de celle qu’offrent les incontournables salles d’arcade. Le jeu Virtua Fighter s’écoule par camions entiers et permet à la console de se vendre à 200 000 exemplaires le premier jour !
Quand la Playstation fait son apparition sur le marché, Sega accuse le coup en raison d’un catalogue de jeux encore assez pauvre. Pour autant, les chiffres au Japon sont assez bons. La Saturn arrive en Europe le 8 juillet 1995, après son lancement plutôt réussi aux États-Unis. Chez nous, et dans les pays voisins, la Saturn ne rencontre pas un franc succès. Au début, la Mega Drive, toujours présente, se vend même mieux. Toujours concernant la Mega Drive, la demande est telle que Sega est incapable d’assurer au niveau des stocks. Quand la marque annonce arrêter la production de la Mega Drive, les consommateurs sont sur les dents. Surtout ceux qui ont investi dans les extensions comme le Mega CD et la 32X. Résultat de courses : de nombreux gamers, autrefois acquis à Sega, choisissent d’abandonner à contre-cœur leur Mega Drive au profit de la Playstation, boudant donc la Saturn.
En mars 1996, la firme investit dans une nouvelle Saturn, plus abordable. Le fait que certains éditeurs délaissent la machine n’augure pourtant rien de bon. En 1996, Sony a vendu plus d’un million de Playstation contre « seulement » 500 000 Saturn. Le tollé est tel que des rumeurs affirment alors que Sega pourrait tout simplement arrêter la Saturn dès 1997. Par la suite, rien n’y fait, même si Sega arrive à un peu redresser la barre, ou en tout cas à limiter les dégâts, au moment de la mise en vente d’un pack comprenant la Saturn et les jeux à succès Virtua Fighter 2, Virtua Cop et Daytona USA. L’arrivée de la Nintendo 64 enfonce néanmoins le clou et scelle le destin de la Saturn.
Le président de Sega de l’époque annonce l’arrêt de la production de la Saturn le 8 janvier 1998, au profit de la Dreamcast, déjà en développement depuis quelques temps. Officiellement, la Saturn s’est vendue à 5,75 millions d’exemplaires au Japon (le pays où elle a le mieux fonctionné, dépassant même la Mega Drive et parvenant à faire mieux que la Nintendo 64), 1,8 millions aux États-Unis et 1 million en Europe. Le bilan est alors plutôt sans appel pour Sega : la Saturn n’a pas rempli sa mission.
La Sega Saturn : tour d’horizon des jeux
Remarquable grâce à ses deux microprocesseurs, la Saturn a toujours plus ou moins causé des difficultés aux programmeurs de jeux vidéo qui étaient alors habitués aux machines plus conventionnelles. À titre d’exemple, Virtua Fighter met à contribution les deux microprocesseurs, qui gèrent en permanence chacun un personnage. Ainsi, le catalogue plutôt réduit a certainement joué un rôle dans le semi-échec de la console sur le marché. Sur le marché européen notamment, qui a préféré la Playstation ou la Nintendo 64.
Voici quelques titres phares du catalogue de la Sega Saturn :
Sega Rally Championship, NiGHTS : Into Dreams, Panzer Dragoon 1 et 2, Virtua Fighter 1 et 2, Guardian Heroes, Daytona USA, Shining Force III, Resident Evil ou encore Tom Raider…
À noter que selon certains observateurs, la Sega Saturn, malgré son catalogue limité, possède l’un des plus grands nombres de jeux de tir et de combat en 2D de l’histoire vidéo-ludique.
L’héritage de la Sega Saturn
Toujours disponible aujourd’hui sur le marché de l’occasion ou à travers les nombreux émulateurs disponibles en ligne, la Sega Saturn a marqué les esprits. Non seulement pour ses performances techniques mais aussi parce qu’elle s’impose comme un exemple particulièrement parlant de ce qui peut se produire quand une console est trop en avance sur son temps et peut-être trop ambitieuse. En comparaison, à la même époque, Nintendo avait par exemple joué la sécurité en sortant la Nintendo 64, soit une machine à cartouche, alors que Sony entrait sur le marché avec la Playstation, une console à CD certes, mais néanmoins moins puissante que la 64.
Le plus dommage finalement étant que l’échec de la Saturn n’a pas vraiment servi de leçon à Sega qui, dans la foulée, a sorti l’impressionnante Dreamcast, qui quant à elle, malgré ses qualités évidentes, a signé la fin des consoles Sega. Mais ceci est une autre histoire…
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Image : Wikimedia